Le conseil lecture du vendredi soir

Le conseil lecture du Festival Nuit blanche du Noir de Mons pour passer une fin de semaine à regarder…

Le soleil rouge de l’Assam (Abir Mukherjee)

Février 1922. Le capitaine Wyndham quitte Calcutta et ses tentations pour un ashram situé dans la province de l’Assam, avec la ferme intention de se défaire de son addiction à l’opium. Evidemment, son fidèle sergent Sat Banerjee ne l’accompagne pas, il va devoir affronter seul cette épreuve. Après un voyage éprouvant, Widham se retrouve sur le quai de la gare de Lumding et croit avoir une hallucination créée par le manque car il aperçoit dans le hall son pire ennemi. En 1905 et alors qu’il était jeune policier à Scotland Yard enquêtant dans les quartiers populaires de Londres, il avait réussi à le faire condamner pour meurtre. Mais il le croyait mort en cavale. Est-ce vraiment lui qu’il retrouve ici, vieilli certes mais toujours aussi arrogant?

Bien sûr, dans les jours qui suivent, Widham a d’autres préoccupations que de penser à cette apparition car le traitement est un vrai supplice et la souffrance terrible. Pourtant, au cours de ses crises de délire, il revit cette enquête qui l’a si fortement marqué. Et quand l’un des « patients » est retrouvé mort non loin de l’ashram, Widham se dit que l’homme n’avait rien d’un mirage. Il se sent en danger. Du coup, son instinct de policier se réveille et il va enquêter sur cette étrange société anglaise de Jatinga, Assam.

Ce roman construit sur deux époques nous propose de suivre, dans une lente  progression vers la vérité, deux enquêtes menées par Widham, qui trouveront leur résolution dans une petite ville de l’Assam.

En 1905, dans l’est de Londres, toutes les populations immigrées se côtoient dans la misère, se détestent et s’accusent, même (et surtout) sans preuves. Tous les germes du racisme et du populisme des années 30 sont déjà rassemblés et en ébullition. Et en 1905, le jeune Widham n’a que sa conscience pour ne pas céder aux sirènes de la corruption.

En 1922, dans une période coloniale troublée, les Anglais occupent l’Inde et la saigne sans comprendre que les choses changent et que leur puissance (apparente) est en péril. Mais cette fois, Whidam  a non seulement sa conscience mais aussi l’expérience pour venir à bout du mal.

Mukherjee, sans renoncer à l’écriture poétique et à l’humour qui le caractérisent, fait ici  œuvre d’historien pour nous raconter, à travers ces enquêtes, deux faces de la société anglaise dont les problématiques – des violences faites aux femmes à l’intégration complexe des immigrés en passant par la criminalité en tous genres –  sont bien  peu différentes de celles d’aujourd’hui.

Le soleil rouge de l’Assam. Abir Mukherjee. 2023. Liana Levi Editions. Traduit de l’anglais par Fanchita Gonzalez Batlle.

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Publié par Nuit blanche du Noir

Festival des littératures de Mons (Belgique)

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