Suite de notre février en rouge… Voici le conseil lecture du #Festivaldepolar Nuit blanche du Noir de #Mons pour une fin de semaine à côtoyer

L’ange rouge (François Médéline)

Lyon est sous le choc. A la nuit tombée, un radeau étrange glisse sur les eaux de la Saône. Une croix de trois mètres, plantée au beau milieu, et un cadavre mutilé, solidement crucifié par des liens de nylon qui le maintiennent dans sa position christique même en cas de tangage. Sur le corps, des dessins à l’esthétisme morbide, vénéneux.

Le commandant Dubak et son étrange équipe sont chargés de l’enquête. La découverte de l’identité du supplicé va leur permettre d’avancer. Mais bientôt les pistes s’embrouillent . S’agirait-il d’un crime homosexuel? Ou initiatique? Faut-il l’attribuer au groupe anarchiste qui sévit sur les hauteurs de la ville? Ou au délire shizophrénique d’un malade mental? La pression médiatique est intense et les chefs de Dubak lui mènent la vie dure pour obtenir des résultats. Mais d’autres meurtres surviennent. Lors de fêtes chrétiennes. Il faut reprendre à zéro. Car tout n’est peut-être qu’une question d’apparence!

Ce qui frappe dans ce roman violent plein de rebondissements et de noirceurs, c’est l’originalité de la langue très contemporaine qui mène le récit à un rythme effréné. Phrases courtes, minimalistes souvent, sujet verbe complément, la plupart du temps au passé composé, sans fioritures .Un exemple (soft)? « J’ai humé l’air de la rue. J’ai soufflé. J’ai conjuré le sort. J’ai appelé Mamy. Elle n’a pas répondu. Je me suis posé dans la Xsara. J’ai prié. Je me suis calibré dans le miroir du pare soleil. J’avais une sale gueule. J’étais ravagé. (…) ». Parfois aussi l’écriture procède par images coups de poing, dans un choix de mots crus, sans détour, glauque. Et, en arrière plan, Lyon, la ville sans limites.

On aime ou on n’aime pas. Mais ce roman ne laisse pas indifférent. Il fait penser au rejeton bâtard que Fred Vargas aurait pu avoir avec San Antonio. Car l’humour ne le cède en rien à la noirceur et à la complexité de l’intrigue. Et, bien sûr, Médéline trace le portrait glacial et glaçant d’une certaine société dépourvue de frontières morales. (CD)

L’ange rouge. François Médéline. La manufacture de livre 2021 , Point 2022.

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