Le conseil lecture du Festival Nuit blanche du Noir pour une fin de semaine où l’on réussit à sortir des

Brouillards (Victor Guilbert)

Hugo Borloren a quitté la police et il envisage de devenir zythologue !! Mais il faut bien avouer qu’il ne se voit pas finir ses jours en analyste de la bière. De son côté sa mère est toujours dans sa clinique cossue où l’on accompagne au mieux son Alzheimer.  Et puis, Mathilde est revenue… Et la voilà enceinte. Ça fait beaucoup pour un seul Hugo! Encore un peu, il abandonnerait le chocolat et se remettrait à fumer ! Heureusement un espion français, Marcel Marchand dit Mama, est assassiné dans la réserve d’accessoires, la montagne sacrée, d’un théâtre de Broadway. Mais avant de mourir, il a eu le temps de griffonner un seul mot taché de son sang,  BOLOREN, sur un papier retrouvé par la DGSE !

Etre impliqué dans un meurtre, l’occasion est trop belle pour Hugo qui, déguisé en barman, s’envole avec Mathilde pour New York où sa bille lui annonce très vite que le travail ne sera pas simple pour découvrir la vérité ! Et d’autant plus difficile que la ville est plongée dans le brouillard. Quel objet Mama aurait-il caché dans la montagne sacrée ? Quel  secret couve le Edmond Theater ? Qui est la Cigale et quel rôle joue-t-elle dans cet imbroglio ? Pourquoi le perroquet Tchékov est-il devenu alcoolique ? Et surtout quels sont les macabres projets de la silhouette ?…

Guilbert aime les amoncellements  où les contours et les fonctions se diluent, où s’enfouissent les traces des perversions humaines et les pires secrets. Après la forêt de Douve et la décharge de Lille, il nous confronte à l’antre de Felix, l’accessoiriste trisomique et dandy, où depuis plus d’un siècle s’entassent les souvenirs des spectacles montés dans ce théâtre qui, semble-t-il, porte chance. Dans le même ordre d’idée, il nous invite à traverser des brouillards : brouillard physique sur la ville, brouillard dans l’esprit maternel, brouillard sur le sens même de la vie d’Hugo, brouillard où le plonge cette enquête brouillée qui n’a plus d’enquête que le nom, nos propres brouillards… On retrouve bien entendu tout ce qui fait le charme de l’écriture si personnelle de Guilbert, son humour pince sans rire, ses références littéraires  (Ah, l’inénarrable « Aujourd’hui maman est morte », qui a vu cette chroniqueuse rire aux éclats!) et ses intrigues lorgnant du côté d’Agatha Christie et tellement chiadées qu’elles augurent en elles-mêmes de l’indicible plaisir de la relecture. (CD)

Brouillards. Victor Guilbert. Hugo Thriller, 2023.

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