Le conseil lecture du Festival Nuit blanche du Noir pour une fin de semaine à toucher
L’héritage (Larème Debbah)
Marius Faure est un écrivain français célèbre dont les – bestsellers sont traduits en plus de vingt langues. Mais Marius, enfant sans père et dont la mère s’est suicidée le jour où il « fêtait » ses dix-huit ans, a déployé une certaine agoraphobie et consacre beaucoup d’énergie à éviter les « fans », les séances de signatures et les sorties médiatiques. Réfugié sur l’île de Jersey, dans son penthouse avec immense terrasse donnant sur la mer, il passe ses journées à écrire ne croisant que la fidèle Karen qui prend soin de lui et parfois Iris, son attachée de presse, avec qui il a, de loin en loin, une relation parce qu’il fut bien que le corps exulte !

Quand on a choisi cette vie de reclus (de luxe) on ne devrait jamais ouvrir une enveloppe envoyée de France et portant le sceau d’un cabinet notarial. Mais la curiosité l’emporte et Marius apprend ainsi que sa grand-mère (dont il ignorait jusqu’à l’existence), vient de lui léguer un manoir et ses terres ! Marius hésite. Il pourrait, d’un coup de fil, renoncer à cet héritage, rentrer tranquillement dans son bureau et se remettre à écrire. Mais la tentation de retrouver une famille ou d’en savoir plus sur lui-même est trop forte. Il accepte de prendre le ferry vers St Malo et d’aller à la découverte de son étrange héritage.
Evidemment, ce qu’il va trouver derrière la façade décrépite du manoir, c’est tout sauf l’amour familial ou l’accueil d’un foyer retrouvé ! Plutôt la folie, le souhait de vengeance, la violence et l’immense solitude qui torture.
Dans ce roman qui se lit d’une traite, Larème Debbah utilise des situations assez classiques du thriller et du roman noir mais elle les replace dans un décor qui devient personnage à part entière, tantôt la mer qui vivifie, tantôt le bois qui étouffe et efface. On se prend de sympathie pour un Marius frustré et dépassé par la noirceur absolue de la vie réelle, incomparablement pire que celle qu’il couche sur le papier, puisqu’elle le concerne au premier chef. L’écriture fluide et claire du Larème Debbah rend l’intrigue assez haletante. La preuve que l’auto-dédition peut fournir de très bon textes noirs même si on aurait aimé que certaines « révélations » arrivent un peu plus tard pour garder le suspense encore plus longtemps ! (CD)
L’héritage. Larème Debbah.
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