Conseil polar du vendredi soir

Le conseil lecture du Festival Nuit blanche du Noir pour une fin de semaine où il ne fait pas bon abuser du…

Liquide inflammable (Robert Bryndza)

Robert Bryndza nous propose un bon vieux cold case anglais et nous fait plonger dans une histoire horrible. De plongée, il en est question dès les premières pages : l’inspectrice Erika Foster mène des recherches dans une carrière. Ce qu’elle et son équipe espèrent trouver, c’est une cargaison de drogue qu’ils découvrent en draguant la carrière mais les plongeurs remontent aussi un gros sac plastique qui contient les ossements d’un enfant. Le légiste Strong identifie les os préservés par le linceul plastifié : il s’agit du squelette de la petite Jessica Collins disparue il y 26 ans. L’affaire avait fait grand bruit à l’époque et la découverte macabre relance en un instant la machine médiatique. La pression sur les enquêteurs est forte. Erika Foster bénéficie de renforts et s’entoure de policiers fiables comme Petterson et Moss qui la secondent efficacement.
Les scènes sont puissantes. Il s’agit bien sûr de la mort d’une enfant mais la famille Collins a été incapable de faire son deuil. Comment l’aurait-elle pu sans corps ? La mère a viré dans un catholicisme intégriste, version bigote intensive. Le père a fui en Espagne pour refaire sa vie avec une autre mais sans obtenir le divorce de sa catho de femme. La sœur a construit sa vie mais semble engluée dans un chagrin sans fond. Et le frère qui n’avait que 3 ans au moment de la disparition de Jessica s’en veut de ne pas avoir de souvenir et a eu du mal à trouver sa place dans cette famille rongée par la peine et l’angoisse.

L’enquête initiale avait été menée par Amanda Baker, un autre personnage que l’affaire n’a pas épargné. Elle avait toujours été persuadée de la culpabilité d’un voisin pédophile notoire mais n’avait jamais pu le prouver. Elle avait finalement été écartée de l’enquête et de la police, sanctionnée pour son obstination qui l’a conduite aujourd’hui à mener la vie d’une vieille alcoolique célibataire et désabusée.
Robert Bryndza a l’art de donner de l’épaisseur à ses personnages. Il investit même dans les rôles secondaires, leur offrant de la consistance : la sœur d’Erika débarque de Slovaquie avec ses trois enfants en bas âge, elle a besoin d’un refuge et le petit appartement d’Erika, veuve sans enfant, sera le lieu de scènes tantôt cocasses, tantôt participant aux rebondissements du scénario.
Le livre est construit en chapitres assez courts. Cela contribue au rythme du récit : « Allez, encore un petit avant d’éteindre… Un petit dernier pour la route… Juste un der ! ». Difficile de lâcher ce bouquin. L’intrigue est bien construite. Le dénouement surprend le lecteur qui pourtant voit les pièces du puzzle s’assembler au fil de l’histoire. Bon sang, mais c’est bien sûr ! (AH)

Liquide inflammable, Robert Bryndza. 2019. Belfond Noir. Traduit de l’anglais par Chloé Royer.

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