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L’essence du mal (Luca d’Andrea)
Jeremiah Salinger s’est fait un nom comme scénariste de documentaire, avec son associé Mike McMellan à la caméra. Leur film Road Crew a connu quatre saisons d’un succès ininterrompu et rallié tous les critiques. Mais Salinger est fatigué et c’est avec enthousiasme qu’il décide de quitter les Etats Unis pour venir s’installer à Sibenhoch, le village de sa femme Annelise, perché à 1400 mètres d’altitude dans le Haut-Adige. Il profite pleinement de cette existence calme surtout remplie par sa fille Clara.

Mais le virus du documentaire le rattrape et, avec Mike, ils décident de consacrer un film au Secours alpin des Dolomites et à son hélicoptère rouge, l’EC135. Hélàs, un jour de tournage où Mike, malade, a cédé la caméra à Salinger, c’est l’accident. L’hélicoptère est détruit, il y a des morts parmi les secouristes et Salinger est sauvé in extremis d’une avalanche. Il souffre désormais de stress post traumatique. Refusant les psychotropes, il préfère s’occuper l’esprit en faisant des recherches sur le massacre du Bletterbach, survenu en 1985 et toujours non résolu trente ans plus tard.
Malgré les avertissements de Werner, son beau-père, et de Max Krün, le policier du coin, il persévère, même quand Annelise le somme de cesser ses investigations sous peine de le quitter. Salinger n’ignore pas que, pour sauver son esprit fragilisé par l’accident, il doit trouver un dérivatif et pour cela, rien de mieux que de résoudre l’énigme de ces corps mutilés.
Dans ce premier roman, Luca d’Andrea fait preuve d’une maestria incroyable. Il parvient à faire en sorte que le lecteur se sente encerclé par les montages et les forêts oppressantes du Haut-Adige, comme Salinger se retrouve étouffé sous la neige. L’organisation chronologique linéaire du récit est particulièrement judicieuse parce qu’elle montre avec une précision d’horloger l’enchaînement irrémédiable des faits qui entraînent Salinger : déterrer les secrets d’un village, c’est remuer les âmes et détruire les apparences de l’équilibre. Mais la vérité ne vaut-elle pas tous les anxyolitiques du monde ? (CD)
L’essence du mal. Luca d’Andrea. Denoël 2017, Folio 2018. Traduit de l’italien par Anaïs Bouteille-Bokobza
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