Le conseil lecture du #Festivaldepolar Nuit blanche du Noir de #Mons pour une fin de semaine à parcourir
L’île des âmes (Piergiorgio Pulixi)

Mara Rais, inspectrice à la Questure de Cagliari (Sardaigne) vient d’être sanctionnée. Elle est mutée de la section homicides aux affaires non résolues. Autant dire le pire des placards, dans un bureau en sous-sol à côté des archives non numérisées, pleines de poussière et d’humidité. Un trou, quoi. Comme si ce n’était pas suffisant, Farci, son chef, lui colle un binôme, l’inspectrice Eva Croce, elle aussi mutée de Milan pour d’obscures raisons disciplinaires. Cerise sur l’infect gâteau, Farci leur enjoint de s’occuper prioritairement des dossiers que Moreno Barrali, le vieil inspecteur malade et dont la mémoire fout le camp, a monté à propos des meurtres rituels commis en 1975 et 1986 sur des jeunes femmes à l’identité toujours inconnue. Et qui obsèdent Barrali aujourd’hui encore.
Les deux inspectrices renâclent et trainent en longueur mais très vite, elles doivent se plonger tout entières dans les monstrueux dossiers de Barrali car une femme vient d’être retrouvée exactement dans la même attitude et « préparée » de la même façon que les victimes précédentes. S’agit-il du même meurtrier ? Pourtant, cette fois, nos inspectrices découvrent assez vite l’identité de Dolorès Murgia et Moreno leur indique quelques différences significatives. Le rite aurait-il changé ? Aurait-on affaire à un copy cat ?
Personne ne va sortir indemne de cette enquête – qui devient obsessionnelle pour Mara et Eva – parce qu’elle plonge au cœur des racines ancestrales et primitives de la Sardaigne. Et la famille Ladu, des paysans du centre de l’île vivant selon des traditions respectées depuis des millénaires, n’est peut-être pas étrangère à toute cette violence.
Pergiorgio Pulixi nous propose ici un « ethnopolar » foisonnant d’informations anthropologiques et sociétales sur une île magnifique mais dont quelques habitants ont choisi de vivre dans le respect de certaines pratiques cultuelles vouées à la déesse mère. Mais que cela ne vous arrête pas. Pulixi distille les informations « savantes » et les enchevêtre dans le récit d’enquête avec un art consommé. Voilà un roman très original, dépaysant à souhait, dont l’intrigue passionnante tient en haleine jusqu’au twist final. Soulignons aussi le remarquable travail du traducteur Anatole Pons-Remaux qui a pris de difficiles options de traduction lesquelles, au final, donnent tout le sel au roman. Et chapeau aux éditions Gallmeister qui nous offrent l’opportunité de telles découvertes. (CD)
La suite des aventures d’Eva et Mara vient de sortir sous le titre L’illusion du mal.
L’île des âmes. Piergiorgio Pulixi. Traduit de l’italien par Anatole Pons-Remaux. Gallmeister Totem 2022.
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