Le conseil lecture du Festival Nuit blanche du Noir pour une fin de semaine à côtoyer la…
Petite sale (Louise Mey)
Février 1969. Dans une exploitation agricole au nord de Paris.

Si Catherine, la servante, et Sylvie, la petite fille de Monsieur – Monsieur, le Maître, tout puissant, intraitable – n’étaient pas allées voir la portée de chatons dans la grange, elles n’auraient pas croisé les ouviers.
Si les ouvriers agricoles n’avaient pas encerclé Catherine pour l’effrayer et la provoquer, elle n’aurait probablement pas lâché la main de la petite qui n’aurait pas été enlevée.
Si les policiers du cru avaient été plus efficaces, on aurait sans doute retrouvé la gamine bien plus vite et Monsieur n’aurait pas dû faire appel à ceux de Paris qui découvrent une région froide et humide, très loin de leurs habitudes, et vont révéler bien des secrets enfouis.
Si Monsieur n’était pas aussi pingre, il aurait réuni la rançon bien plus vite, n’aurait pas joué avec la vie de Sylvie et aurait apaisé la souffrance de ses parents.
Evidemment, avec des si…
Catherine, la petite sale, une de ces filles pauvres qui viennent du village , celle que Madame ne trouve pas assez propre pour servir à table, celle qui parle peu, celle qui est juste bonne à faire toutes les tâches que les autres servantes ne veulent pas faire, Catherine la bouseuse n’est probablement pour rien dans tout ce chambardement que l’enlèvement va générer. Mais Catherine, celle qui ne regarde pas, voit, observe, analyse, et peut-être que …
Louise Mey propose ici un roman du terroir qui n’est pas sans rappeler le meilleur de Franck Bouysse. Elle ancre son intrigue pas à pas dans cette terre boueuse, objet de tous les désirs, de la possession, de l’accumulation jusqu’au pouvoir d’un vaste domaine. Et nous propose les points de vue croisés de personnages aux antipodes , les uns si ancrés dans cette terre, les autres si éloignés d’elle. Mais c’est aussi cette terre, cette région et ce rapport entre les êtres qui génèrent toutes les passions et les frustrations. De son écriture originale et souvent poétique, Louise Mey réussit à tracer le portrait d’une époque, pas si lointaine, où la domination allait de soi et où son acceptation était une question de survie. Sauf quand surviennent, un jour, des petites sales.
Petite sale. Louise Mey. Le masque. 2023
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A reblogué ceci sur Amicalement noir.
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