Le conseil lecture du Festival Nuit blanche du Noir pour passer une fin de semaine caniculaire à…
L’ombre de la baleine (Camilla Grebe)
Camile Grebe reprend ici la formule qui avait fait le succès de son premier roman, Un cri sous la glace : amener le lecteur à découvrir progressivement le déroulement de l’intrigue à travers les récits croisés de trois personnages très différents.
Manfred, commissaire à Stockholm, a refait sa vie avec Afsaneh et est l’heureux père de la petite Nadja. Il se retrouve à enquêter à propos de cadavres, échoués sur le rivage, de jeunes hommes probablement torturés avant d’être noyés. Au même moment, sa fille doit être plongée dans le coma et il est donc obligé de partager son temps entre le commissariat et l’hôpital, où, la plupart du temps, il retrouve Afsaneh occupée à surfer sur des forums de parents ayant un enfant dans le même état que Nadja.
Samuel, lui, vient de fêter ses 18 ans. Il se sent adulte. Il a quitté l’école et se fait quelques sous grâce au vol d’objets électroniques qu’il revend sur internet. Il deale un peu aussi jusqu’au jour où Igor, le puissant maffieux, lui propose un « gros coup » qui, évidemment, va mal tourner ! A cause de Pernilla, sa mère. Pernilla, c’est la troisième voix. Une femme dans la quarantaine qui a sacrifié sa vie à élever seule son fils, qu’elle aime, évidemment, mais qu’elle ne comprend pas du tout. Elle si croyante, élevée par un père pasteur rigide, modèle pour sa congrégation, ne peut pas admettre les écarts de Samuel. Elle le chasse de la maison. Mais le regrette aussitôt.
Et Samuel, qui s’est enfui afin d’échapper à Igor, se retrouve à bosser chez Rachel pour veiller sur son fils Jonas, dans le coma, lui aussi, à la suite d’un terrible accident.
Quels liens ces personnages peuvent-ils bien avoir ? Comment les fils vont-ils de dénouer ? Chez Camila Grebe, rien n’est jamais laissé au hasard. Chaque ligne ou presque comporte son lot d’informations qu’il est passionnant – et effrayant – de décrypter. Avec, en plus, une réflexion sur les comportements humains. Ici, elle impose à ses personnages de s’interroger sur leur filiation, leurs rapports à l’absence ou à la sur-présence d’un parent, la difficulté de devenir adulte, d’être au monde simplement. Le récit progresse peu à peu, et le lecteur est entraîné vers une nuit blanche car lorsque la terreur s’installe, il est trop tard pour lâcher le livre ! (CD)
L’ombre de la baleine, Camilla Grebe.Calman-Levy, 2019, Le livre de poche ,2020. Traduit du suédois par Anna Postel.
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