Le conseil lecture du vendredi soir pour une fin de semaine à découvrir…
Nuuk (Mo Malø)
Nous avons déjà dit ici tout le bien que nous pensions de Qaanaaq, le pemier roman signé par son auteur sous le nom de Mo Malø. Dans son deuxième roman, Diskø, Malø n’épargnait pas Qaanaaq Adriensen, son héros, devenu directeur de la police groenlandaise. Le récit se terminait sur un Qaanaq en bien mauvaise posture, écarté temporairement de son poste, condamné à une longue et douloureuse convalescence suivie d’une traversée du désert blanc. Mais, enfin, ses supérieurs l’ont autorisé à reprendre du service à deux conditions: être suvi par une étrange thérapeute aux méthodes assez surprenantes, Pia Kilanaq, et renoncer à suivre son instinct qui le pousse à se lancer dans des aventures sanglantes. Qaanaaq y consent d’autant plus facilement qu’il va bientôt être père.
Mais il se voit aussi imposer, pour recommencer sur de bonnes bases, une tournée des postes de police de l’île. Dans les villages qu’il visite, il découvre qu’une vague de suicides déferle, particulièrement chez les jeunes filles. Et les pénibles conditions de vie n’expliquent pas tout. D’autant que ces suicides surviennent souvent après le passage d’un jeune chamane aussi beau que mystérieux. Quel pouvoir a-t-il développé sur ces jeunes gens fragiles? Et à quelles fins? Qaanaaq sent à nouveau l’appel de l’intuition et, avec l’aide de son adjoint, Apputiku Kalakek, il va révéler des pratiques certes ancestrales mais particulièrement violentes et dégradantes. Au prix, à nouveau, d’une lutte contre ses propres démons.
Avec ces trois premiers volumes – et on espère que ça ne va pas s’arrêter là – Mo Malø a réussi à nous faire apprécier le personnage de Qaanaaq, à la fois brutal et sensible, transplanté et proche de ses racines, en constante recherche de lui même dans sa poursuite incessante du crime et du mal, comme si seule la noirceur des êtres pouvait donner un sens au monde insensé. Le pari étonnant de Mo Malø d’avoir situé ses romans au Groenland est largement gagné. Non seulement grâce à l’attrait d’un décor que l’on découvre, sublime et menacé, mais aussi en raison de l’attachement que l’on ressent, au fil des pages, pour une population à la fois fragile et forte de ses traditions. Et dont Apputiku Kalakek est le plus charmant représentant. (CD)
Nuuk. Mo Malø. La Martinière, 2020.
Allez, ça continue dans la bonne voie et les librairies sont toujours ouvertes! Vous trouverez donc certainement les romans de Mo Malø chez votre libraire habituel! Et si ce n’est pas le cas, commandez Nuuk sur Librel, le site des libraires francophones indépendants de Belgique.
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