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Si ça saigne (Stephen King)
Si ça saigne, l’information intéresse les lecteurs : tous les journalistes le savent. Le maître King revient dans « Si ça saigne » avec un recueil de quatre nouvelles. Le format est plutôt long. Chaque nouvelle fait la taille d’un court roman. Tant mieux car quand c’est prenant, on n’a pas envie que cela s’arrête. Parmi les quatre nouvelles figure celle qui donne son nom au recueil. Il s’agit d’une suite inédite du roman l’outsider dans laquelle Holly Gibney reprend du service. Tous les fans de King voudront savoir ce qu’elle devient…

Mais cette chronique fait le choix de s’attarder sur « le téléphone de M. Harrigan ». Cette nouvelle intimiste se construit autour de l’amitié qui se tisse entre un jeune garçon d’une dizaine d’années, Craig et un vieux milliardaire, M. Harrigan pendant la seconde moitié des années 2000. Le jeune garçon est engagé pour faire la lecture à M. Harrigan, cet octogénaire retraité d’une longue carrière dans la finance, qui y a construit sa fortune. Le thème est cher à Stephen King : le jeune surdoué apprend le monde en échangeant avec le vieux riche. Leurs échanges réguliers font naître une réelle complicité teintée de distance, de respect et d’agacement mêlés.
Du Stephen King pur jus qui se révèle dans les petits détails très américains. M. Harrigan envoie quatre cartes postales par an à Craig : une à la Saint-Valentin, une à son anniversaire, une à Thanksgiving et la dernière à Noël. Chaque carte est accompagnée d’un ticket de loterie. Lorsque Craig a douze ans, le ticket à gratter reçu avec sa carte de Saint-Valentin lui fera gagner 3000 dollars. En retour, il offrira un iPhone à M. Harrigan qui n’en a que faire des nouvelles technologies et autre TIC. Mais Craig va faire découvrir les possibilités presque infinies qu’offre internet auquel l’iPhone de M. Harrigan est connecté et le vieux milliardaire se laisse convaincre pour faire encore plus d’argent grâce à l’accès à l’information planétaire.
M. Harrigan a plus de 80 ans et finit par mourir pour la plus grande peine de Craig qui semble être son seul ami. Le jeune garçon profite d’un moment de recueillement près du cercueil de M. Harrigan pour glisser l’iPhone qu’il lui avait offert dans la poche du défunt. Le vieil homme est enterré avec son téléphone. A chaque coup de blues, Craig appelle la messagerie du vieil homme : entendre encore un peu sa voix enregistrée soulage son chagrin. Il finit par lui laisser des messages vocaux dans lesquels il lui raconte ses déboires du moment.
Autre StephenKinguerie qu’il faut accepter sans chercher à comprendre pour apprécier l’histoire : l’iPhone répond depuis la tombe bien au-delà de la durée de vie de la batterie. Craig reçoit des SMS incompréhensibles et s’aperçoit que les responsables de ses déboires disparaissent brutalement. Y a-t-il un lien avec les messages que Craig laisse à M. Harrigan sur sa boîte vocale ? C’est impossible. Un nouvel essai pour vérifier cette hypothèse peu plausible ?
Du grand Stephen King. On adore ou on déteste mais quand on adore, impossible de déposer le bouquin, sauf peut-être entre les différentes nouvelles… (AH)
Si ça saigne. Stephen King. Albin Michel, 2020. Traduit de l’anglais par Jean Esch.
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