Il y a deux ans nous vous avions dit tout notre enthousiasme à la lecture de La nymphe endormie de Ilaria Tuti. Nous n’avons donc pas pu résister au moment de découvrir, au détour des rayonnages d’une librairie, l’édition de poche de Sur le toit de l’enfer et nous vous le proposons comme conseil lecture du #Festivaldupolar Nuit blanche du Noir de Mons. Il s’agit du premier volet des enquêtes de Teresa Battaglia, paru récemment en format poche dans la toujours excellente traduction de Johan-Frédérik Hel Guedj. Au  moment de sa sortie il avait fait l’événement et remporté une série de Prix prestigieux.

C’est donc une vraie émotion de retrouver les montagnes sauvages du Frioul et de rencontrer Teresa Battaglia, comme si c’était la première fois. La soixantaine bourrue, le corps trop lourd, un caractère de chien, mais un talent d’enquêtrice et surtout de profileuse hors pair qui se retrouve face à un étrange décor de crime : un épouvantail de cordes et de branchages observe unhomme mort, énucléé. Pour Teresa, il s’agit certainement du premier cadavre laissé par un tueur en série. L’enquête va être délicate et, comme toujours, subtile mais difficile aussi. D’autant qu’on vient de lui coller un nouvel adjoint, l’inspecteur Massimo Marini, dont elle n’a que faire. Et, qui plus est, Teresa sent bien que sa mémoire lui joue des tours et la plonge par instants dans un espace inconnu d’où ses repères sont absents.

Les époques, les lieux, les souffrances, se mêlent dans ce récit haletant, où, une fois encore, Tuti nous montre comment l’enfance – souvent brisée, volontairement ou non –   reste le moment fondateur des fêlures et des blessures non cicatrisées de l’adulte. A nouveau, s’entremêlent ici l’Histoire et les petites histoires personnelles d’individus toujours en souffrance.  Si l’on ajoute à cela une écriture d’une rare poésie dans ce genre littéraire du polar/thriller, on a un condensé d’humanité la plus noire sauvée seulement par la compassion immense de Teresa à l’égard des victimes. Superbe. (CD)

Sur le toit de l’enfer. Ilaria Tuti. Robert laffont – La Bête noire 2019 et Pocket 2021. Traduit de l’italien par Johan-Frédérik Hel Guedj.

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