Le conseil lecture du #Festivaldepolar Nuit blanche du Noir de #Mons pour une fin de semaine à tenter d’échapper à
Des hommes en noir (Santiago Gamboa)
Caché dans la frondaison d’un arbre (un manguier), un gamin (Franklin) assiste, atterré, à une attaque de type paramilitaire entre deux factions surarmées et hyper entraînées. La cible, un homme (en noir) et deux femmes, finissent par être exfiltrés en hélicoptère. A l’issue des échanges plus rien ne reste sur le terrain : ni douilles, ni cadavre, ni traces de pneus… Difficile de croire le récit du garçon. D’ailleurs, très vite, la police devient amnésique et semble n’avoir jamais entendu parler de cette fusillade. Mais le témoignage de Franklin arrive, par hasard, sur la table du procureur Edilson Jutsiñamuy qui, lui, le prend très au sérieux et décide d’enquêter. Et d’autant plus que trois cadavres non identifiés apparaissent soudain (comme par magie) !

L’affaire semble complexe et probablement délicate. Le procureur réclame alors l’aide de son amie Julieta Lezama, célèbre journaliste d’investigation, qui, accompagnée de Johanna, son assistante, ancienne combattante des FARC, va se rendre sur les lieux, à Cali. Elle découvre bientôt que toute la Colombie est aux mains de puissantes et richissimes églises évangéliques, dont les ramifications s’étendent jusqu’au Brésil et à la Guyane française. Comme réponse à la violence et à la misère qui règnent plus que jamais dans l’ensemble du pays, elles fournissent des discours lénifiants, souvent incompréhensibles, et assoient le pouvoir de leurs mentors sur l’illusion. Julieta va très vite comprendre qu’une guerre des églises est déclarée et que les bains de sang ne sont pas près de s’arrêter. Les hommes en noir, prétendument illuminés par la parole de Jésus, ne sont pas disposés à céder une parcelle de leur influence !
Depuis Perdre est une question de méthode qui l’a révélé, Gamboa n’a jamais cessé de dénoncer la situation sociale de son pays. Dans ce polar puissant mais teinté d’humour, où l’ironie des dialogues cèdent parfois la place à des récits personnels pleins d’humanité, il nous montre combien la paix est encore instable. C’est passionnant, on est emporté, on va de rebondissements en rebondissements, à travers ce magnifique décor de montagnes où la jungle luxuriante ne parvient pas à dissimuler la pauvreté et l’abandon. (CD)
Des hommes en noir. Santiago Gamboa. Métailié . 2019. traduit de l’espagnol (Colombie) par François Gaudry.
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A reblogué ceci sur Amicalement noiret a ajouté:
Très belle découverte
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