Avez vous consulté le programme du festival Nuit blanche du Noir? Il vous plaît? Alors venez retrouver nos auteurs en rencontre les 10 et 11 novembre au Mundaneum de Mons!
Mais pour patienter… le conseil lecture « auteur »du vendredi soir, proposé cette semaine par Philippe Raxhon qui sera en rencontre le lundi 11 novembre vers 14h20. Philippe vous conseille le Nom de la Rose d’Umberto Eco, dont il dit que le livre l’a accompagné toute sa vie pour différentes raisons, qui convergent vers son parcours d’historien universitaire et de romancier. Voici ce qu’il nous en dit:
Paru en Italie en 1980 et en France deux ans plus tard, le roman sera d’emblée qualifié de polar médiéval, mais où l’enquête est un alibi à une réflexion historique et philosophique approfondie.
Cette combinaison est a priori improbable, elle peut pourtant se révéler essentielle dans une narration particulièrement bien menée, et c’est ce qui a donné à ce livre sa carrure exceptionnelle.
L’action se déroule au 14e siècle. L’enquêteur est un ancien inquisiteur, le moine franciscain Guillaume de Baskerville, d’abord impliqué dans un conflit théologique entre l’ordre franciscain et le pape Jean XXII. C’est pour en débattre que Guillaume, flanqué de son docteur Watson, son jeune secrétaire Adso, s’est rendu dans cette abbaye bénédictine perchée dans les Alpes. Mais dès son arrivée, Guillaume de Baskerville est confronté à l’énigme de la mort mystérieuse d’un moine, un parmi d’autres. Au cœur de l’intrigue, un manuscrit redouté et redoutable, et une bibliothèque pleine de ressources et de surprises, qui n’est pas sans rappeler par certains aspects le Mundaneum…
Le roman est divisé en sept chapitres ne laissant rien au hasard dans l’argumentation de l’intrigue et ses niveaux symboliques. Nous n’irons pas plus loin dans l’évocation de la narration pour le pas dévoiler le fabuleux contenu d’un roman noir qui est devenu un classique de la littérature, de nouvelles générations vont encore le découvrir.
A partir d’une enquête à caractère policier, c’est l’affrontement entre le rationalisme renaissant à la fin du moyen-âge et l’irrationnel, la pensée magique qui enivre les esprits et pousse à l’abjection ceux qui s’en revendiquent pour asseoir leur pouvoir, comme c’est le cas chez l’inquisiteur Bernardo Gui, l’un des protagonistes.
Ce roman est peut-être avant tout un formidable hommage au livre comme vecteur de connaissance et de liberté. L’immense érudition d’Umberto Eco, distillée à chaque paragraphe, achève de conférer à cette narration une architecture puissante dont l’exploration est infinie.
A lire ou à relire, par les temps qui courent, car ce roman est sans aucun doute un modèle qui a inspiré une génération d’auteurs de thrillers de la fin du XXe siècle et du début du XXIe siècle dans lesquels sont croisés des thèmes classiques du genre avec des moments d’érudition, une démarche qui conforte la richesse et la diversité des romans à suspense. (Philippe Raxhon)
Le nom de la rose, Umberto Eco. Traduit de l’italien par Jean-Noël Schifano. Editeur d’origine, Grasset, 1983. Disponible au Livre de Poche ou à télécharger sur Librel le portail numérique des libraires francophones.
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