Le conseil lecture du festival Nuit blanche du Noir pour passer une fin de semaine à rechercher…
La forêt des disparus (Olivier Bal)
Nous avons déjà dit ici tout le bien que nous pensions des thrillers fantastiques d’Olivier Bal, Les limbes et Le Maître des Limbes. Son arrivée chez XO Editions l’a conduit sur les chemins du polar classique, très noir, mais ne lui a pas fait perdre son goût pour les intrigues complexes ni son écriture dynamique, capables de nous scotcher au récit.

On avait laissé le journaliste Paul Green, épuisé par L’affaire Clara Miller, prendre une route incertaine vers des horizons pleins de (sombres ?) promesses. Nous le retrouvons en 2011. Il vit depuis 5 ans dans une petite maison bancale à la lisière d’une forêt, dans l’étrange bourgade isolée de Redwoods (Oregon). La forêt, constituée surtout de sequoias millénaires, est connue comme la forêt des disparus car de nombreux touristes, randonneurs solitaires qui voulaient s’aventurer entre ses arbres, n’en sont jamais ressortis. On a littéralement perdu leurs traces, malgré les recherches et les longues battues. Les dossiers des disparus s’accumulent depuis six ans sur le bureau de Lauren, la flic du coin. C’est le moment que choisit Emily Bennett pour se lancer dans une promenade dont elle ne revient pas. Lauren, qui n’en peut plus de l’inertie du Sherif Mackenzie et qui souffre du départ de son fils Alex, décide de reprendre l’enquête à zéro. Au péril de sa vie, probablement.
Au même moment, Charlie, une adolescente délurée qui connaît les bois comme sa poche, se réfugie chez Paul. Elle est blessée, traumatisée, désorientée : dans les bois, elle a vu un monstre. Et elle en a tiré deux clichés polaroïd ! Elle est donc terriblement en danger. L’instinct journalistique de Paul reprend le dessus, malgré son souhait de vivre sans implication. Il ne peut pas rester sans rien faire. Et, bien entendu, c’est une nouvelle descente aux enfers qui l’attend.
Comme L’affaire Clara Miller, le récit prend la forme d’un roman choral, qui permet de découvrir la situation par petite touches, à travers la psychologie, l’état d’esprit et la langue de chaque protagoniste. Ces courtes sessions insèrent des respirations dont le lecteur à bien besoin quand la tension est à son comble et que l’horreur atteint des sommets. Car dans ce village coupé de tout, structuré sur des valeurs morales aux délirantes pratiques imposées dès le 19h siècle par son fondateur pour préserver le village de la maladie, et qui se perpétuent jusqu’à nos jours, il n’y a que l’humanité de Lauren, Charlie et Paul, pour permettre au lecteur de poursuivre la lecture. Et comprendre que la forêt n’y est pour rien et ne peut vraiment pas grand-chose contre le délire des hommes. Une exceptionnelle réussite originale dans le roman noir d’aujourd’hui. Et, contre toute attente, un sujet aux échos très contemporains. A ne vraiment pas rater. (CD)
Les disparus de la forêt, Olivier Bal. XO Editions, 2021
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Une réflexion sur “Le conseil polar du vendredi soir”